samedi 17 octobre 2009

Downtown Berkeley, Etats-Unis


Juste en face de San Francisco, à la lisière de la jungle urbaine d'Oakland, se niche la petite ville de Berkeley, mondialement connue pour sa célèbre université (classée au troisième rang des meilleures universités dans le monde) et les nombreux prix Nobel qui y enseignent. Près de 40.000 personnes étudient ou travaillent à l'université, une des plus sélectives et prestigieuses du pays, voir même du monde. Depuis longtemps, cette faculté, et par là même la ville toute entière, est associée aux mots "libertaire", "hippie" ou encore "free speach". En 1964, le monde entier avait les yeux rivés sur Berkeley lors du Mouvement pour la liberté de parole, un mouvement de contestation étudiante qui était totalement inédite pour l'époque. Les étudiants protestaient contre l'interdiction prise par l'administration de l'université d'exercer des activités politiques sur le campus et réclamaient la reconnaissance de la liberté d'expression et de la liberté académique des étudiants. Le "Free Speach Mouvement" eut des effets durables sur le campus de Berkeley, encore visibles aujourd'hui, et fut un déclencheur des mouvements pour les libertés civiles dans les années soixante et en particulier du mouvement hippie, qui connut son apogée lors du Summer of Love à San Francisco. En 1968, un siècle après sa fondation, d'immenses manifestations étudiantes contre la guerre du Vietnam ont secouées la ville, ce qui a valu à Berkeley sa réputation de cité engagée, contestataire, politisée et alternative.


Aujourd'hui encore, Berkeley porte l'empreinte de ce passé contestataire, bien que les esprits se soient assagis et que la ville ait incontestablement perdue une part de son identité. A l'entrée de l'université, partis politiques, associations écologistes et groupuscules partisans de la théorie du complot continuent de tenir leurs stands et d'exercer une certaine influence sur la population estudiante. Située en plein coeur de la ville, la faculté est le véritable poumon de Berkeley, autour duquel toute la cité gravite. C'est pour cette raison que son Downtown (centre-ville) est si atypique: de par sa proximité avec les bâtiments universitaires, un véritable esprit de village s'y est consolidé. Ici, pas de magasins gargantuesques (si ce n'est la plus grande boutique de T-shirts du monde) ni de grandes chaines à foison, mais des bars et cafés cool en pagaille, des magasins de disques à l'ancienne et plus de hippie-chics au mètre carré que n'importe où dans le monde.


La plus grande artère du centre-ville se nomme Telegraph Avenue. Longue de près de sept kilomètres, elle attire une foule éclectique d'étudiants, d'artistes, de touristes, d'excentriques en tout genre et de SDFs. Au centre de la vie communautaire universitaire, le nord de l'avenue compte des dizaines de restaurants, de librairies, de friperies et de vendeurs de rue. Durant les années soixante, elle fut le théâtre de bon nombre de protestations, et fut le principal lieu de confrontation entre les manifestants et la police . Plus au sud, Telegraph Avenue devient plus cosmopolite et héberge une multitude de boutiques, de restaurants et de clubs coréens ou encore éthiopiens.


Bouillonnantes au possible, les avenues de Downtown recèlent de trésors et de curiosités, comme T-shirt Orgy,le plus grand magasin de t-shirts au monde, ou encore Rasputin Music, gargantuesque disquaire à l'ambiance old school inimitable. Tous les dix mètres, un vendeur de rue expose fringues rétro, autocollants aux slogans engagés, posters de groupes défunts et autres objets folkloriques. Très présents également, les groupes de hippies qui jouent de la musique, tricotent et peignent des fresques à même de trottoir, symboles visibles de la réputation "peace and love" de Berkeley. Compacte et colorée, Berkeley est une ville où il fait bon flaner, et reste un de ces endroits où la vie quotidienne est un spectacle à elle toute seule. Regarder la vie se dérouler d'une terrasse de café de Telegraph Avenue et apprécier tout simplement la romance du quotidien est un de ces moments à la fois candides et magiques qui font que de temps en temps, on se dit que la vie est belle.

dimanche 13 septembre 2009

Camden, Londres, Royaume-Uni


"London calling to the Underworld. Come out of the cupboard, all you boys and girls."
The Clash - London Calling

C'est incontestablement le plus grand quartier alternatif au monde, et un de ceux qui a été le moins gangréné par la "branchitude". Niché derrière Regent's Park, un des quartiers les plus chers de la capitale britannique, on trouve un lieu incroyable, théâtre d'une contre culture légendaire et aux prises d'une énergie folle! Depuis quelques années, Camden est devenu un des passages obligés pour tout touriste visitant Londres, et le week-end ses rues sont tellement chargées que le métro ne s'y arrête que dans un seul sens. Aujourd'hui, plus de 100.000 personnes se rendent dans le quartier tous les week-ends, faisant du lieu la quatrième attraction la plus visitée de la plus grande capitale d'Europe. Succès oblige, quelques grandes chaines ont fait leur apparition sur le High Street, et Amy Winehouse ou encore Pete Doherty sont venus s'y installer, mais dans l'ensemble Camden a fort heureusement réussi à garder son âme et reste le temple mondial de l'indépendant, de l'alternatif, de l'éclectisme et de l'extravagance.


A l'origine une immense étable et un hôpital pour chevaux, ce n'est qu'au début des années 70 qu'un marché s'y est installé. Aujourd'hui, on en compte six, où l'on peut acheter absolument tout et n'importe quoi, bien qu'il n'y ait désormais que trois stands vendant des fruits et légumes. L'expansion des marchés s'est développée très vite, et avec elle de nombreux individus issus de la scène alternative londonienne se sont installés à Camden, les loyers étant à l'époque plus bas que dans de nombreux quartiers de la capitale. Aujourd'hui encore, le quartier est habité par bon nombres de gothiques et de punks, bien que le prix du logement ait considérablement augmenté. Plutôt calme en semaine, Camden se réveille le samedi matin, et quarante-huit heures durant, se mue en un gargantuesque melting-pot de styles et d'ambiances. Dès la sortie du métro, on croise des punks aux crêtes impressionnantes, des vendeurs de champignons hallucinogènes, des individus percés à l'extrême, des gothiques au look on-ne-peut-plus dark, des hippies vieillissants et une foule d'activistes politiques de babord. Le long de la rue principale, on trouve une multitude de magasins semblant tous vendre la même chose (piercings, bangs, t-shirts aux slogans douteux...), mais une fois passé le pont, tout l'éclectisme de Camden s'offre au visiteur, qui se voit plongé au coeur d'un univers quelque peu démesuré, mais diablement excitant!


A gauche, un dédale de ruelles étroites conduit le visiteur vers le célèbre Stables Market, où l'on trouve quelques uns des magasins les plus célèbres du quartier, dont Black Rose, cher au coeur des gothiques, ou Cyberdog, temple de l'électro, du fluo, du cyber et du PVC, dont les allées se déploient dans des catacombes et dans une immense base souterraine. Musique assommante, couleurs criardes, curieux personnages et produits originaux au possible font du magasin un passage obligé. Tout autour, se massent des dizaines de stands de vente à emporter où l'on peut manger indien, italien, polonais mais surtout asiatique. Impossible de faire trois pas sans que l'on ne vous tende un morceau de poulet, une crevette ou quelques nouilles à gouter, et il est souvent difficile de se frayer un chemin entre les touristes une barquette de Chow Mein à la main. Malgré l'abondance d'odeurs et de saveurs, on ne vend bien évidemment pas que de la nourriture, et sous les voutes en briques se cramponnent vendeurs de t-shirts, de disques, de tableaux, de fringues vintage, d'autographes, d'objets nippons, d'attrape-rêves ou encore de djembés. Un véritable bric-à-brac de sons, d'images et de couleurs passionnant mais aussi épuisant.


Camden revient de loin! Le 9 février 2008, un incendie a ravagé le marché qui se situe le long du canal, détruisant étales, stands, une partie du pub où Amy Winehouse a fait ses débuts et même la ligne de chemin de fer. Voyant les flammes jaillir du Camden Lock Market, beaucoup pensaient que le quartier ne s'en remettrai pas, et que désormais les choses ne seraient plus jamais comme avant. Pourtant, en mai dernier la marché a rouvert ses portes, et ses allées sont aujourd'hui plus populaires que jamais. Le nettoyage et la reconstruction de cette partie du quartier a permis à de nombreuses micro-entreprises de se créer, et le long du canal on trouve des dizaines de petits chalets où artistes, designers et photographes vendent leurs créations. C'est aussi là où l'on peut observer le va-et-vient de péniches les pieds dans l'eau et regarder le célèbre "lock" (écluse) s'ouvrir et se refermer.

Le coeur de Camden bat bien évidemment très fort la nuit, lorsque les pubs de légende tels The World's End ou The Underworld accueillent une clientèle éclectique au possible, venue prendre le pouls de la vie nocturne londonienne. Niveau clubs et salles de concert, le quartier n'est pas en reste et héberge le sulfureux Electric Ballroom, où se produisent la crème des groupes indie, rock, punk ou metal, ainsi que le Koko, club de renom où l'on peut applaudir Justice, MGMT ou encore N*E*R*D.



dimanche 6 septembre 2009

Little Five Points (L5P), Atlanta, Etats-Unis


Atlanta. A première vue, la première ville de Géorgie n'est pas un endroit où l'on pense trouver un bouillonnant quartier alternatif. Plus connue pour son taux de délinquance et ses entreprises catégorie poids lourds (Coca Cola, Delta Airlines...), la métropole la plus dangereuse des States est pourtant un endroit incompris, qui bataille pour se débarrasser de cette mauvaise image qui lui colle à la peau.
Certes, nous sommes bien dans le "dirty south": pas moins de 487 crimes ont été commis ici en 2007, et il ne fait pas bon s'aventurer dans les quartiers du sud de la ville, mais Atlanta est une ville pleine de surprises, et recèle de petits trésors cachés, comme le "neighbourhood" de Little Five Points. Situé à quatre kilomètres à l'est de downtown, L5P est le haut lieu de la scène alternative de la ville, et s'autoproclame "l'endroit le plus cool entre Greenwich Village (New York) et le French Quarter (La Nouvelle Orléans)".


Repère des hippie-chics, des homosexuels (Atlanta est la troisième ville "gay" des Etats-Unis derrière San Francisco et Seattle) et de tous les adeptes de contre-culture, le quartier est la demeure de la radio underground WRFG et du label indépendant DB Records. Le long de ses allées ensoleillées, on trouve des dizaines de coffee shops (à ne pas confondre avec l'équivalant néerlandais), des magasins de fringues vintages et de t-shirts branchés, des boutiques new-age, une pharmacie indépendante, un supermarché bio ainsi que trois théâtres et le Variety Playhouse, salle de concert légendaire où se sont récemment produits The Ting Tings, The Kooks, Ben Kweller ou encore la ravissante Kate Nash.


Bohémien à souhait, mais comme toujours un poil cliché, Little Five Points est selon un habitant du quartier l'endroit idéal pour ceux qui se sentent obligés d'être différents. "Si vous aimez voir des gens taper sur toutes sortes d'objets divers en appelant cela de la musique, de longues dreadlocks, des tatouages, des piercings, des magasins d'occasion hors de prix, des t-shirts anti-guerre et des slogans COEXIST sur les murs, alors vous adorerez L5P".
Comme toutes les patries de la contre-culture, le quartier est effectivement devenu plus cher et branché, et résolument moins hippie et binaire, mais reste néanmoins un bastion indépendant niché au coeur d'une mégalopole d'autoroutes monstrueuses, d'imposants gratte-ciels et de d'hideux panneaux publicitaires. Surtout, Little Five Points est l'unique endroit au monde où l'on peut trouver le Vortex, restaurant des plus incroyables où l'on croise une foule de personnages qui semblent tout droit sortis d'Easy Rider ou d'Une Nuit En Enfer. Une fois passée la porte d'entrée (la bouche d'une immense tête de mort), le client est plongé au coeur d'une ambiance des plus rock n' roll, avec irréductibles bikers au comptoir et serveuses toutes de cuir vêtues. Les sandwiches et burgers sont gargantuesques, les alcools forts et la musique trépidante. Ce n'est certes pas l'endroit idéal pour un tête-à-tête en amoureux, mais un dîner au Vortex est une véritable expérience à lui seul.

Tous les ans, le restaurant est aussi l'endroit duquel part la célèbre parade d'Halloween, composée de bikers en costume, de groupes de musique, de corbillards et de chars tous plus incroyables les uns que les autres. Vous l'aurez compris, Little Five Points est un quartier alternatif avec une différence.

dimanche 9 août 2009

Fremont et Capitol Hill, Seattle, Etats-Unis


"All I really had was a suitcase and my drums. So I took them up to Seattle and hoped it would work"
Dave Grohl

Seattle: le grunge et la grisaille, les barbus et les branchés, les nuits blanches et les lunettes noires... Loin de New York, Washington ou L.A, toute proche de la frontière canadienne, "la cité d'émeraude" est comme perdue au fin fond des Etats-Unis, à l'écart de ses grandiloquences. Au milieu des forêts de pins et des lacs, cette agglomération de plus de trois millions d'habitants a su garder un caractère unique et préserver une tranquillité qui lui est toute propre. Même au coeur de son élégant downtown, à l'ombre de ses gratte-ciels, le stress des grandes métropoles semble loin et la nature, l'échappée belle, toute proche.
C'est ici que quelques-unes des plus grandes compagnies mondiales sont nées, dont Starbucks, Microsoft ou encore Boeing. Pour palier au manque de soleil, on a misé sur la créativité, la technologie et la culture. Témoins de cet esprit de conquête: les bâtiments érigés pour l'exposition universelle de 1962, qui avait pour thème le XXIème siècle. Le plus célèbre d'entre-eux et sans aucun doute le Space Needle, qui culmine à 182 mètres de hauteur et qui est devenu le point de repère le plus représentatif de la ville. Depuis sa plate-forme d'observation, on peut admirer le Monorail, le Pacific Science Centre ou la fontaine internationale, ouverts au public en 1962 et toujours en activité aujourd'hui.
Dans cette ville où l'on vote à plus de 80% pour Obama, on cultive sa différence, on célèbre la diversité et on vit une véritable histoire d'amour avec la musique, aussi sombre soit-elle. Berceau du grunge, Seattle a vu naître Nirvana, Pearl Jam, Soundgarden, Alice in Chains ou encore The Foo Faighters. Jimmy Hendrix et Quincy Jones, enfants du pays, ont placé Seattle sur la carte des capitales modiales de la musique dès les années cinquante. Aujourd'hui, le label Sub Pop continue de faire découvrir la scène musicale alternative de la ville au monde entier et à envoyer les étoiles filantes Fleet Foxes ou encore Band of Horses illuminer le ciel.

Comme San Francisco, la ville a été construite sur de nombreuses collines, et c'est sur les hauteurs de la ville que l'on trouve deux des plus intéressants quartiers de Seattle. Dominant Downtown, Capitol Hill est le haut lieu de la communauté homosexuelle de la ville et l'aimant vers lequel convergent tous les amoureux de la contre culture. Réputé pour sa scène musicale éclectique et ses habitants à l'état d'esprit libertaire, le quartier est le bastion des branchés, des hippies et des punks, ce qui lui a valu le surnom de "Haight-Ashbury du nord". Le long des avenues Pike et Pine, deux des artères les plus célèbres de la ville, des dizaines de bars et de cafés indépendants diffusent de la musique en terrasse pour le plus grand plaisir des passants. La nuit tombée, la vie nocturne y est bouillonnante, une foule euphorique convergeant des quatre coins de la ville pour remplir les clubs, théâtres, restaurants, bars et cinémas. De temps à autres, Capitol Hill est le théâtre de grandes fêtes de rue, dont une mémorable qui s'est déroulée sous la neige en décembre dernier.


Un peu plus au nord, on trouve le quartier de Fremont, surnommé "The People's Republic of Fremont" ou encore "The Artists' Republic of Fremont". Repère de la communauté artistique de la ville, c'est ici que l'on trouve la célèbre statue en bronze de Lenine, construite par le sculpteur Emil Venkov. Toujours très controversée, elle est cependant devenue un emblème de ce quartier atypique, et on aujourd'hui coutume d'habiller le révolutionnaire en drag queen pour la gay pride annuelle ou en Père Noël pour les fêtes de fin d'année.

Depuis le début des années 70, les habitants de Fremont ont pris l'habitude d'appeler leur quartier "le centre du monde", et à l'entrée de celui-ci trône un panneau sur lequel est écrit "Welcome to Freemont, centre of the universe". Célèbre pour son ambiance bohémienne, ses magasins éclectiques, ses peintures murales colorées et ses sculptures loufoques (une imposante fusée, un étrange troll), Fremont cultive son jardin alternatif et se pose en véritable bastion de la sub culture. Tous les ans, un carnaval artistique et une parade en vélo naturiste y sont organisés, faisant de ce quartier un endroit des plus animés. C'est également ici que l'on trouve le siège de Getty Images ou encore d'Adobe, ainsi que le studio du mythique producteur de musique Jack Endino, où furent enregistrés les premières démos de Nirvana.

jeudi 30 juillet 2009

Haight-Ashbury (ou The Haight), San Francisco, Etats-Unis


"San Francisco is a city where people are never more abroad than when they are at home"
Benjamin F.Taylor

C’est sans aucun doute le quartier alternatif le plus célèbre au monde. Niché au coeur d’une des plus belles villes de la planète, j’ai nommé San Francisco, le quartier de Haight Ashbury est un lieu cultissime, un havre de contre-culture ou l’on vient pour se reposer de l’Amérique et de ses excès.
Loin du centre-ville, de ses grattes-ciels et de son agitation, en bordure du célèbre Golden Gate Park, le quartier de Haight semble faire fi des clichés et ne rentre pas dans le cadre étroit d’une carte postale. En arrivant, beaucoup pensent trouver des rues bouillonnantes peuplées d’irréductibles hippies. Comme dans toute légende, il y a du vrai et du faux, Haight étant probablement prisonnier de sa propre réputation. Comme son nom l’indique, Haight-Ashbury est simplement un croisement entre deux rues, et le quartier semble se resumer à cela. Les hippies sont bien là, mais, prix du logement oblige, ce sont aujourd’hui les bobos qui se sont appropriés le quartier. Il n’empêche: Haight-Ashbury a su garder son âme, et reste un endroit singulier fier de son identité.

Durant les années 1960, Haight fut au centre du mouvement hippie, et San Francisco était considéré comme la capitale mondiale de la contre-culture. Des rêves plein la tête, une irréductible envie de changer le monde, des utopistes du monde entier ont convergé vers le Pacifique, et se sont donné rendez-vous dans cette ville qui ne ressemble à aucune autre, à l'intersection de Haight et de Hashbury. L'été 1967, baptisé "Summer of Love", fut de symbole de cette révolution pacifiste. Cet été là, pas moins de 100.000 personnes se sont rassemblés à Haight, guidés par la voix de Scott McKenzie: "If you're going to San Francisco, be sure to wear some flowers in your hair... If you're going to San Francisco, you're gonna meet some gentle people there." L'endroit fut un véritable melting-pot de musique, de drogues hallucinogènes, de liberté sexuelle, de créativité et de politique. Le Flower Power était né, et même si la frénésie n'a durée que le temps d'un été indien, les "flower children" sont rentrés chez eux des idées neuves plein la tête, et ont apporté de nouveaux idéaux qui ont influencé les générations futures.
Quarante ans plus tard, Haight-Ashbury porte encore l'empreinte de son passé psychédélique, bohème et contestataire, qui semble se refléter dans les vitres des maisons victoriennes où ont séjourné Jimmy Hendrix, Janis Joplin, Jefferson Airplane ou encore The Grateful Dead. Une clinique gratuite, ouverte le 7 juin 1967, est toujours en fonction aujourd'hui, et de nombreux enfants du "Summer of Love" continuent de revenir tous les étés à Haight, se remémorer les souvenirs d'une époque inoubliable.

Aujourd'hui encore, c'est un véritable plaisir de flaner sur Haight Street un samedi après-midi. Des musiciens de rue enveloppent l’air de leurs mélodies, des fripperies vintage diffusent du Belle & Sebastian, les maisons victoriennes colorées attient l’oeil, de curieux personages aux longues dreadlocks descendent l’artère sur de drôles de vélos fabriqués maison. Au find fond de la rue se cache Amoeba Records, le plus grand disquaire indépendant des Etats-Unis. Lieu immense s’il en est, le magasin a de quoi provoquer une crise cardiaque à tous les aficionados de musique! A quelques mètres seulement de là, le Golden Gate Park vous tend les bras, et une fois sorti d'un lugubre petit tunnel, Hippie Hill apparait comme par enchantement. Les jours de beau temps, une foule hétéroclite s'y masse, les djembés et tambours sont de sortie, quelques joints aussi... On chante, on danse, on mange des brownies végétaliens allongés dans l'herbe ou debout au milieu d'une troupe de personnages excentriques et épicuriens. Là, au coeur de la baie de San Francisco, à quelques encablures du grand pacifique, les pieds dans l'herbe et la tête dans les nuages, on se prend à rêver d'un nouvel été de l'amour, et on se remémore la célèbre phrase de Herb Caen: “One day if I do go to heaven...I'll look around and say, 'It ain't bad, but it ain't San Francisco.'”

lundi 27 juillet 2009

Kensington Market, Toronto, Canada


Un quartier unique au coeur d'une ville unique! Pour beaucoup, Toronto est tout simplement un des meilleurs endroits au monde. Plus grande ville du Canada, cette agglomération de plus de cinq millions d'habitants est un lieu où la planète entière semble s'être donnée rendez-vous. Cosmopolite au possible, 50% de sa population est née à l'extérieur du Canada, faisant d'elle une des villes les plus multiculturelles du globe.

A l'ombre de la CN Tower, deuxième plus haut édifice du monde, s'étendent d'élégants gratte-ciels, de larges avenues et d'impressionnants malls (centres commerciaux) où fourmille une population jeune et active. Certains diront que le Canada, c'est les Etats-Unis sans tous les mauvais côtés, et Toronto en est le parfait exemple. L'insécurité y reste faible, la sécurité sociale de haut niveau et les habitants sont réputés pour leur gentillesse et leur ouverture d'esprit. Poumon de la vie intellectuelle et culturelle du pays, Toronto est un centre de productions pour le film et le théâtre et est une ville réputée pour ses festivals, ses bibliothèques, ses musées et ses universités.

En plein coeur de Downtown, à quelques encablures de Chinatown ou de l'université, se trouve Kensington Market, petit quartier boème haut en couleurs. Berceau de la contre-culture, c'est un endroit où se croisent trotskystes, anarchistes, hippies, écolos, hipsters (branchés) et alternatifs de tous poils. Symbole de l'éclectisme de la ville en général et de Kensington Market en particulier, pas moins de trente nationalités y cohabitent, si bien qu'un des emblèmes du lieu est un globe terrestre posé sur une chaise, sculpture qui trône à l'entrée du quartier.


Kensington Market tire bien évidemment son nom du célèbre marché qui s'y déroule tous les jours, et ce depuis les années 1790! Gai, coloré, animé, on y vient de loin pour acheter ou tout simplement admirer les centaines de produits étalés sur les stands ou bien dans les petites échoppes croquignolettes. Le marché est réputé pour son ambiance inimitable, ses commerçants singuliers et sa foule iconoclaste. Fruits et légumes bio, aliments des quatre coins du globe, épices, vêtements d'occasion, mobilier rétro... Kensington Market recèle de trésors, d'odeurs et de saveurs.

Cultivant l'esprit indépendant du quartier, bon nombre d'habitants ont décoré leur maison de fresques et se sont même mis à peindre sur les troittoirs et le mobilier urbain. Kensington Market n'en est que plus attirant, coloré, dépouillé et funky. Au milieu de ce melting-pot, on trouve même quelques "cannabis cafés", où la consommation semble tolérée, et deux-trois librairies anarchistes, dont le célèbre Anarchist Free Space.
L'implantation récente d'un supermarché ainsi que de trois petites franchises ont donné lieu à des débats houleux dans le quartier, certains pensant que l'identité même de Kensington Market était remise en cause. Malgré tout, et jusqu'à preuve du contraire, ce lieu insolite reste un des endroits les plus frais et uniques du pays, sur lequel le soleil n'en finit plus de briller.

dimanche 26 juillet 2009

North Laine (ou the North Laines), Brighton, Royaume-Uni

"Anyone who does not live in Brighton must be mad and should be locked up."
S.P.B Mais

Brighton. Par où commencer? Le terrain de jeu de Georges IV, la patrie de la Régence et de l'architecture victorienne, l'incarnation même de Londres sur mer. Plus célèbre station balnéaire du Royaume-Uni, la "city" de Brighton & Hove, 300.000 habitants, attire plus de huit millions de touristes par an, venus profiter de son front de mer historique, de son fameux pier (jetée), de ses centaines de magasins, pubs et restaurants et de sa vie nocturne trépidante. Bohème et cosmopolite, chic et funky, branchée et ensoleillée, Brighton l'excentrique ne semble manquer de rien, et cultive cette image de ville de tous les plaisirs, qui sont bon le fish and chips et la nostalgie. Élue ville la plus culturelle du Royaume-Uni en dehors de Londres, elle est le théâtre en mai du Brighton Festival, comparable à celui d'Edimbourg mais aussi de l'épuisant festival The Great Escape, où l'on vient de loin pour applaudir plus de 300 des groupes les plus excitants de la nouvelle scène musicale mondiale. Un habitant sur cinq est homosexuel (soit près de 50.000 personnes), les personnes âgées semblent avoir toutes disparues, le Green Party (verts) y fait des scores étonnamment élevés et, de Fatboy Slim à Nick Cave en passant par Paul McCartney, bon nombre de stars ont en fait leur lieu de résidence. La scène musicale brightonienne est également bouillonnante: The Kooks, The Go! Team, The Pipettes, The Maccabees, Electrelane, Bat For Lashes, British Sea Power sont quelques-uns des artistes et groupes originaires de Brighton dont vous avez sans doute entendu parler. Pour toutes ces raisons, et bien d'autres encore, vous aurez compris que la ville de Brighton est à la base un endroit hors normes.


Niché derrière le Royal Pavilion, palais excentrique à l'architecture orientale construit par sa Majesté Georges IV, on trouve le quartier des North Laines, poumon du Brighton indépendant et hédoniste. Quatre rues et quelques ruelles seulement, mais cet endroit est véritablement un des lieux les plus colorés et funky du pays. On y trouve pas moins de 300 boutiques indépendantes, 35 cafés, 20 pubs, 4 théâtres et 2 musées. De la galerie d'artiste au magasin de bonbons en passant par le tatoueur, le disquaire ou la friperie vintage, on trouve réellement de tout et pour tous les goûts! Pas de H&M, de Topshop ou de Zara en vue, mes des dizaines de petites boutiques colorées qui feront le bonheur de tout acheteur en quête d'originalité. Quelques-unes des enseignes du quartier font même figure de véritable institution à Brighton: Bagleman et ses bagles à tomber, Shakeaway et ses milkshakes au mille parfums, Resident et sa sélection de disques imparable, Dirty Harry et ses fringues cools au possible, The Guarana Bar et ses cocktails plus ou moins légaux... Le quartier tout entier est le temple du commerce décalé et branché.


Au dessus de bon nombre de vitrines, on a peint des fresques à la bombe. Ici surgit un portrait de Clint Eastwood, là une effigie de Jesus un dollar à la main. Sur Kensington Street, la municipalité a permis aux graffeurs de laisser libre cours à leur imagination et d'égayer des murs défraîchis. Partout, des indie kids au look méchamment cool, venus récupérer le dernier disque de Passion Pit ou LA paire de baskets pour l'été. Au milieu des rainbow flags, des odeurs de fudge et des couleurs des vitrines, il souffle un vent d'hédonisme et il flotte un parfum de liberté.


Beaucoup pensaient que la crise allait passer par là, et que les petites boutiques indé fermeraient les unes après les autres, mais force est de constater que le quartier est plus vivant que jamais, et que les brightoniens sont plus qu'attachés à ce lieu qui ne ressemble à aucun autre et qui, pour l'instant, a su résister à l'invasion des grandes chaines et autres multinationales.

Plus d'informations: http://www.northlaine.co.uk/