samedi 17 octobre 2009

Downtown Berkeley, Etats-Unis


Juste en face de San Francisco, à la lisière de la jungle urbaine d'Oakland, se niche la petite ville de Berkeley, mondialement connue pour sa célèbre université (classée au troisième rang des meilleures universités dans le monde) et les nombreux prix Nobel qui y enseignent. Près de 40.000 personnes étudient ou travaillent à l'université, une des plus sélectives et prestigieuses du pays, voir même du monde. Depuis longtemps, cette faculté, et par là même la ville toute entière, est associée aux mots "libertaire", "hippie" ou encore "free speach". En 1964, le monde entier avait les yeux rivés sur Berkeley lors du Mouvement pour la liberté de parole, un mouvement de contestation étudiante qui était totalement inédite pour l'époque. Les étudiants protestaient contre l'interdiction prise par l'administration de l'université d'exercer des activités politiques sur le campus et réclamaient la reconnaissance de la liberté d'expression et de la liberté académique des étudiants. Le "Free Speach Mouvement" eut des effets durables sur le campus de Berkeley, encore visibles aujourd'hui, et fut un déclencheur des mouvements pour les libertés civiles dans les années soixante et en particulier du mouvement hippie, qui connut son apogée lors du Summer of Love à San Francisco. En 1968, un siècle après sa fondation, d'immenses manifestations étudiantes contre la guerre du Vietnam ont secouées la ville, ce qui a valu à Berkeley sa réputation de cité engagée, contestataire, politisée et alternative.


Aujourd'hui encore, Berkeley porte l'empreinte de ce passé contestataire, bien que les esprits se soient assagis et que la ville ait incontestablement perdue une part de son identité. A l'entrée de l'université, partis politiques, associations écologistes et groupuscules partisans de la théorie du complot continuent de tenir leurs stands et d'exercer une certaine influence sur la population estudiante. Située en plein coeur de la ville, la faculté est le véritable poumon de Berkeley, autour duquel toute la cité gravite. C'est pour cette raison que son Downtown (centre-ville) est si atypique: de par sa proximité avec les bâtiments universitaires, un véritable esprit de village s'y est consolidé. Ici, pas de magasins gargantuesques (si ce n'est la plus grande boutique de T-shirts du monde) ni de grandes chaines à foison, mais des bars et cafés cool en pagaille, des magasins de disques à l'ancienne et plus de hippie-chics au mètre carré que n'importe où dans le monde.


La plus grande artère du centre-ville se nomme Telegraph Avenue. Longue de près de sept kilomètres, elle attire une foule éclectique d'étudiants, d'artistes, de touristes, d'excentriques en tout genre et de SDFs. Au centre de la vie communautaire universitaire, le nord de l'avenue compte des dizaines de restaurants, de librairies, de friperies et de vendeurs de rue. Durant les années soixante, elle fut le théâtre de bon nombre de protestations, et fut le principal lieu de confrontation entre les manifestants et la police . Plus au sud, Telegraph Avenue devient plus cosmopolite et héberge une multitude de boutiques, de restaurants et de clubs coréens ou encore éthiopiens.


Bouillonnantes au possible, les avenues de Downtown recèlent de trésors et de curiosités, comme T-shirt Orgy,le plus grand magasin de t-shirts au monde, ou encore Rasputin Music, gargantuesque disquaire à l'ambiance old school inimitable. Tous les dix mètres, un vendeur de rue expose fringues rétro, autocollants aux slogans engagés, posters de groupes défunts et autres objets folkloriques. Très présents également, les groupes de hippies qui jouent de la musique, tricotent et peignent des fresques à même de trottoir, symboles visibles de la réputation "peace and love" de Berkeley. Compacte et colorée, Berkeley est une ville où il fait bon flaner, et reste un de ces endroits où la vie quotidienne est un spectacle à elle toute seule. Regarder la vie se dérouler d'une terrasse de café de Telegraph Avenue et apprécier tout simplement la romance du quotidien est un de ces moments à la fois candides et magiques qui font que de temps en temps, on se dit que la vie est belle.