jeudi 30 juillet 2009

Haight-Ashbury (ou The Haight), San Francisco, Etats-Unis


"San Francisco is a city where people are never more abroad than when they are at home"
Benjamin F.Taylor

C’est sans aucun doute le quartier alternatif le plus célèbre au monde. Niché au coeur d’une des plus belles villes de la planète, j’ai nommé San Francisco, le quartier de Haight Ashbury est un lieu cultissime, un havre de contre-culture ou l’on vient pour se reposer de l’Amérique et de ses excès.
Loin du centre-ville, de ses grattes-ciels et de son agitation, en bordure du célèbre Golden Gate Park, le quartier de Haight semble faire fi des clichés et ne rentre pas dans le cadre étroit d’une carte postale. En arrivant, beaucoup pensent trouver des rues bouillonnantes peuplées d’irréductibles hippies. Comme dans toute légende, il y a du vrai et du faux, Haight étant probablement prisonnier de sa propre réputation. Comme son nom l’indique, Haight-Ashbury est simplement un croisement entre deux rues, et le quartier semble se resumer à cela. Les hippies sont bien là, mais, prix du logement oblige, ce sont aujourd’hui les bobos qui se sont appropriés le quartier. Il n’empêche: Haight-Ashbury a su garder son âme, et reste un endroit singulier fier de son identité.

Durant les années 1960, Haight fut au centre du mouvement hippie, et San Francisco était considéré comme la capitale mondiale de la contre-culture. Des rêves plein la tête, une irréductible envie de changer le monde, des utopistes du monde entier ont convergé vers le Pacifique, et se sont donné rendez-vous dans cette ville qui ne ressemble à aucune autre, à l'intersection de Haight et de Hashbury. L'été 1967, baptisé "Summer of Love", fut de symbole de cette révolution pacifiste. Cet été là, pas moins de 100.000 personnes se sont rassemblés à Haight, guidés par la voix de Scott McKenzie: "If you're going to San Francisco, be sure to wear some flowers in your hair... If you're going to San Francisco, you're gonna meet some gentle people there." L'endroit fut un véritable melting-pot de musique, de drogues hallucinogènes, de liberté sexuelle, de créativité et de politique. Le Flower Power était né, et même si la frénésie n'a durée que le temps d'un été indien, les "flower children" sont rentrés chez eux des idées neuves plein la tête, et ont apporté de nouveaux idéaux qui ont influencé les générations futures.
Quarante ans plus tard, Haight-Ashbury porte encore l'empreinte de son passé psychédélique, bohème et contestataire, qui semble se refléter dans les vitres des maisons victoriennes où ont séjourné Jimmy Hendrix, Janis Joplin, Jefferson Airplane ou encore The Grateful Dead. Une clinique gratuite, ouverte le 7 juin 1967, est toujours en fonction aujourd'hui, et de nombreux enfants du "Summer of Love" continuent de revenir tous les étés à Haight, se remémorer les souvenirs d'une époque inoubliable.

Aujourd'hui encore, c'est un véritable plaisir de flaner sur Haight Street un samedi après-midi. Des musiciens de rue enveloppent l’air de leurs mélodies, des fripperies vintage diffusent du Belle & Sebastian, les maisons victoriennes colorées attient l’oeil, de curieux personages aux longues dreadlocks descendent l’artère sur de drôles de vélos fabriqués maison. Au find fond de la rue se cache Amoeba Records, le plus grand disquaire indépendant des Etats-Unis. Lieu immense s’il en est, le magasin a de quoi provoquer une crise cardiaque à tous les aficionados de musique! A quelques mètres seulement de là, le Golden Gate Park vous tend les bras, et une fois sorti d'un lugubre petit tunnel, Hippie Hill apparait comme par enchantement. Les jours de beau temps, une foule hétéroclite s'y masse, les djembés et tambours sont de sortie, quelques joints aussi... On chante, on danse, on mange des brownies végétaliens allongés dans l'herbe ou debout au milieu d'une troupe de personnages excentriques et épicuriens. Là, au coeur de la baie de San Francisco, à quelques encablures du grand pacifique, les pieds dans l'herbe et la tête dans les nuages, on se prend à rêver d'un nouvel été de l'amour, et on se remémore la célèbre phrase de Herb Caen: “One day if I do go to heaven...I'll look around and say, 'It ain't bad, but it ain't San Francisco.'”

lundi 27 juillet 2009

Kensington Market, Toronto, Canada


Un quartier unique au coeur d'une ville unique! Pour beaucoup, Toronto est tout simplement un des meilleurs endroits au monde. Plus grande ville du Canada, cette agglomération de plus de cinq millions d'habitants est un lieu où la planète entière semble s'être donnée rendez-vous. Cosmopolite au possible, 50% de sa population est née à l'extérieur du Canada, faisant d'elle une des villes les plus multiculturelles du globe.

A l'ombre de la CN Tower, deuxième plus haut édifice du monde, s'étendent d'élégants gratte-ciels, de larges avenues et d'impressionnants malls (centres commerciaux) où fourmille une population jeune et active. Certains diront que le Canada, c'est les Etats-Unis sans tous les mauvais côtés, et Toronto en est le parfait exemple. L'insécurité y reste faible, la sécurité sociale de haut niveau et les habitants sont réputés pour leur gentillesse et leur ouverture d'esprit. Poumon de la vie intellectuelle et culturelle du pays, Toronto est un centre de productions pour le film et le théâtre et est une ville réputée pour ses festivals, ses bibliothèques, ses musées et ses universités.

En plein coeur de Downtown, à quelques encablures de Chinatown ou de l'université, se trouve Kensington Market, petit quartier boème haut en couleurs. Berceau de la contre-culture, c'est un endroit où se croisent trotskystes, anarchistes, hippies, écolos, hipsters (branchés) et alternatifs de tous poils. Symbole de l'éclectisme de la ville en général et de Kensington Market en particulier, pas moins de trente nationalités y cohabitent, si bien qu'un des emblèmes du lieu est un globe terrestre posé sur une chaise, sculpture qui trône à l'entrée du quartier.


Kensington Market tire bien évidemment son nom du célèbre marché qui s'y déroule tous les jours, et ce depuis les années 1790! Gai, coloré, animé, on y vient de loin pour acheter ou tout simplement admirer les centaines de produits étalés sur les stands ou bien dans les petites échoppes croquignolettes. Le marché est réputé pour son ambiance inimitable, ses commerçants singuliers et sa foule iconoclaste. Fruits et légumes bio, aliments des quatre coins du globe, épices, vêtements d'occasion, mobilier rétro... Kensington Market recèle de trésors, d'odeurs et de saveurs.

Cultivant l'esprit indépendant du quartier, bon nombre d'habitants ont décoré leur maison de fresques et se sont même mis à peindre sur les troittoirs et le mobilier urbain. Kensington Market n'en est que plus attirant, coloré, dépouillé et funky. Au milieu de ce melting-pot, on trouve même quelques "cannabis cafés", où la consommation semble tolérée, et deux-trois librairies anarchistes, dont le célèbre Anarchist Free Space.
L'implantation récente d'un supermarché ainsi que de trois petites franchises ont donné lieu à des débats houleux dans le quartier, certains pensant que l'identité même de Kensington Market était remise en cause. Malgré tout, et jusqu'à preuve du contraire, ce lieu insolite reste un des endroits les plus frais et uniques du pays, sur lequel le soleil n'en finit plus de briller.

dimanche 26 juillet 2009

North Laine (ou the North Laines), Brighton, Royaume-Uni

"Anyone who does not live in Brighton must be mad and should be locked up."
S.P.B Mais

Brighton. Par où commencer? Le terrain de jeu de Georges IV, la patrie de la Régence et de l'architecture victorienne, l'incarnation même de Londres sur mer. Plus célèbre station balnéaire du Royaume-Uni, la "city" de Brighton & Hove, 300.000 habitants, attire plus de huit millions de touristes par an, venus profiter de son front de mer historique, de son fameux pier (jetée), de ses centaines de magasins, pubs et restaurants et de sa vie nocturne trépidante. Bohème et cosmopolite, chic et funky, branchée et ensoleillée, Brighton l'excentrique ne semble manquer de rien, et cultive cette image de ville de tous les plaisirs, qui sont bon le fish and chips et la nostalgie. Élue ville la plus culturelle du Royaume-Uni en dehors de Londres, elle est le théâtre en mai du Brighton Festival, comparable à celui d'Edimbourg mais aussi de l'épuisant festival The Great Escape, où l'on vient de loin pour applaudir plus de 300 des groupes les plus excitants de la nouvelle scène musicale mondiale. Un habitant sur cinq est homosexuel (soit près de 50.000 personnes), les personnes âgées semblent avoir toutes disparues, le Green Party (verts) y fait des scores étonnamment élevés et, de Fatboy Slim à Nick Cave en passant par Paul McCartney, bon nombre de stars ont en fait leur lieu de résidence. La scène musicale brightonienne est également bouillonnante: The Kooks, The Go! Team, The Pipettes, The Maccabees, Electrelane, Bat For Lashes, British Sea Power sont quelques-uns des artistes et groupes originaires de Brighton dont vous avez sans doute entendu parler. Pour toutes ces raisons, et bien d'autres encore, vous aurez compris que la ville de Brighton est à la base un endroit hors normes.


Niché derrière le Royal Pavilion, palais excentrique à l'architecture orientale construit par sa Majesté Georges IV, on trouve le quartier des North Laines, poumon du Brighton indépendant et hédoniste. Quatre rues et quelques ruelles seulement, mais cet endroit est véritablement un des lieux les plus colorés et funky du pays. On y trouve pas moins de 300 boutiques indépendantes, 35 cafés, 20 pubs, 4 théâtres et 2 musées. De la galerie d'artiste au magasin de bonbons en passant par le tatoueur, le disquaire ou la friperie vintage, on trouve réellement de tout et pour tous les goûts! Pas de H&M, de Topshop ou de Zara en vue, mes des dizaines de petites boutiques colorées qui feront le bonheur de tout acheteur en quête d'originalité. Quelques-unes des enseignes du quartier font même figure de véritable institution à Brighton: Bagleman et ses bagles à tomber, Shakeaway et ses milkshakes au mille parfums, Resident et sa sélection de disques imparable, Dirty Harry et ses fringues cools au possible, The Guarana Bar et ses cocktails plus ou moins légaux... Le quartier tout entier est le temple du commerce décalé et branché.


Au dessus de bon nombre de vitrines, on a peint des fresques à la bombe. Ici surgit un portrait de Clint Eastwood, là une effigie de Jesus un dollar à la main. Sur Kensington Street, la municipalité a permis aux graffeurs de laisser libre cours à leur imagination et d'égayer des murs défraîchis. Partout, des indie kids au look méchamment cool, venus récupérer le dernier disque de Passion Pit ou LA paire de baskets pour l'été. Au milieu des rainbow flags, des odeurs de fudge et des couleurs des vitrines, il souffle un vent d'hédonisme et il flotte un parfum de liberté.


Beaucoup pensaient que la crise allait passer par là, et que les petites boutiques indé fermeraient les unes après les autres, mais force est de constater que le quartier est plus vivant que jamais, et que les brightoniens sont plus qu'attachés à ce lieu qui ne ressemble à aucun autre et qui, pour l'instant, a su résister à l'invasion des grandes chaines et autres multinationales.

Plus d'informations: http://www.northlaine.co.uk/

SUB CULTURE IS STILL ALIVE!

Matinée brumeuse dans le 18ème arrondissement de Paris. Barbès s'éveille. Sitôt sorti de la bouche de métro on me tend des paquets de cigarettes qui on ce je-ne-sais-quoi de louche. Heureusement qu'il y a encore ces petits trucs louches qui donnent un peu plus de piquant au quotidien aseptisé. Direction Pigalle. Les vitrines des commerces sont quelconques, et c'est très bien comme ça. J'ai toujours été obsédé par le magasin Sympa qui embrasse l'Elysée Montmarte. Il est magnifiquement laid, transpire la simplicité, emmerde la superficialité. Puis vient le Moulin Rouge, qui est toujours plus beau sur les cartes postales. Face à lui, un Starbucks. Dommage. Je n'ai rien contre Starbucks, et comme tout le monde j'aime leurs Frappucinos caloriques, mais celui-ci semble être le symbole de la disparition de l'authenticité du quartier. Regrettable le fait que les principales artères commerçantes des grandes métropoles mondiales abritent toutes les mêmes enseignes. Au Royaume-Uni, on parle désormais de "Clone Cities", tant les centre-villes se ressemblent tous.
Heureusement, il reste encore quelques quartiers nichés au coeur des grandes villes où Starbucks n'a pas encore fait son apparition, où l'indépendant, le vintage et l'alternatif sont rois! Des patries de la contre-culture, où l'on croise encore une foule bigarrée de jeunes hippies, de punks vieillissants et de musiciens indie tout sourire. Me viennent des souvenirs de Camden à Londres, de Haight à San Francisco, des North Laines à Brighton... Bon nombre de ces endroits sont aujourd'hui devenus branchés, les bobos ont en fait leurs lieux de résidence, mais c'est également là qu'ont convergé tous les rejetés du puritanisme et les alternatifs de tout poil. Ce blog a pour but de présenter ces quartiers où l'on ose encore dire "fuck" à H&M où à Mac Do et où la sub culture est toujours vivante. Enjoy!